M. Kouchner appelle les médecins à venir en aide aux toxicomanes

NOUCHI FRANCK,

Le Monde

Présent à l’ouverture de la session du conseil de l’ordre national des médecins, samedi 23 janvier, et invité le lendemain, dimanche 24, de « L’Heure de vérité » sur France 2, M. Bernard Kouchner, ministre de la santé et de l’action humanitaire, a appelé les médecins à se mobiliser pour venir en aide aux toxicomanes. Pour lui, la prescription des produits de substitution doit être « permise », mais « encadrée ».

Bernard Kouchner a d’abord indiqué, samedi 23 janvier, à l’ouverture de la 189e session de l’ordre des médecins, qu’il avait signé le décret autorisant la publicité des audiences disciplinaires en appel. Puis, après avoir rendu hommage au docteur Louis René, qui vient de quitter la présidence du conseil de l’ordre, le ministre de la santé a réaffirmé la vocation de l’Ordre des médecins :  » Il fut un temps, celui des avancées scientifiques sans heurt, celui des certitudes médicales, où l’on croyait pouvoir se passer de lui. Aujourd’hui que le monde bouge vite et vacille souvent, alors que les lois naturelles deviennent incertaines, nous avons besoin de morale et besoin de l’ordre des médecins. « 

Confirmant qu’il présenterait prochainement au conseil des ministres un projet de loi sur l’aléa thérapeutique, M. Kouchner s’est une nouvelle fois exprimé sur la toxicomanie. Il a souhaité que les médecins, particulièrement les généralistes, soient davantage impliqués dans la prévention et dans la prise en charge des toxicomanes. Le 14 janvier, à l’occasion d’une réunion du réseau des professionnels d’Ile-de-France pour les soins aux usagers de drogues, le ministre de la santé avait déjà précisé que l’utilisation des produits de substitution (parmi lesquels la méthadone) doit être  » une éventualité thérapeutique laissée au praticien. Il s’agit d’un outil, qu’il faut savoir manier, mais que l’on ne doit pas s’interdire d’utiliser (…). La prescription de ces produits doit être permise, mais encadrée « .

Ainsi qu’il l’a répété dimanche 24 janvier, au cours de  » L’Heure de vérité  » sur France 2, M. Kouchner regrette que les médecins français aient une aussi faible expérience en matière d’utilisation des produits de substitution. Selon les chiffres qu’il a donnés, 8 000 toxicomanes sont actuellement, à New York, traités par de la méthadone et seulement 52 dans toute la France,  » et ce, alors que 30 à 40 % des 150 000 à 300 000 toxicomanes vivant en France sont séropositifs pour le virus du sida « .

Toujours au cours de  » L’Heure de Vérité « , M. Kouchner a tenu à répondre aux inquiétudes exprimées le 23 janvier par le nouveau président du conseil national de l’ordre des médecins, le professeur Bernard Glorion. Ce dernier avait souligné les difficultés rencontrées par les établissements de soins et les médecins pour la mise en oeuvre de la directive concernant les patients transfusés pendant la période 1980- 1985 et souhaité que les malades concernés soient plutôt incités à faire une demande personnelle par l’intermédiaire du médecin de leur choix.

Cet appel a été entendu. M. Kouchner a profité de son passage à la télévision pour demander  » solennellement  » aux Français qui ont subi une transfusion sanguine durant cette période d’aller voir leur médecin, afin de subir un test de dépistage de l’infection par le virus du sida et par le virus de l’hépatite C.

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